Semaine 3
Gravure, bouffe et wellness
Article rédigé par Sophie Kaelin et Florence Mott.
WORKSHOP DE GRAVURE SUR ARGILE

Avec maître Zhuó Xin Wei
Toute cette semaine nous avons eu un cours de gravure traditionnelle sur plaquette d’argile. Pendant 1h par jour nous nous sommes patiemment entraîné à trouver le bon geste avec le « couteau » conçu pour ça, avec les corrections de Mr. Zhuó Xin Wei.
Autant dire qu’on a tous bien galéré !

Portrait
Notre professeur de la semaine a fait sa formation chez un maître et en étudiant des céramiques anciennes de la période Song (960 à 1279), puis en reproduisant ces gravures encore et encore et encore. En Chine, on apprend par la répétition. Il faut 2 à 3 ans pour maitriser le bon geste. Mr. Zhuo Xin Wei grave depuis 18 ans, et il dit qu’il est toujours en train d’apprendre.
Aujourd’hui il a sa propre petite usine d’une vingtaine d’employés et il ne grave plus autant, mais coordonne et vérifie le travail de chacun.
A Longquan plus qu’ailleurs, les céramistes savent encore tout faire (du tournage à la cuisson en passant par la gravure et l’émaillage). Dans les autres endroits de la Chine, le travail de production est plus séquencé et chacun à sa spécialité (une personne qui tourne, une autre qui fait le décor, une autre qui fait le garnissage, une personne en charge des cuissons, etc). C’est d’ailleurs un critère pour que la céramique de Longquan soit toujours considérée comme Patrimoine culturel immatériel : maîtriser les gestes d’un bout à l’autre de la chaine de création.
Les outils
Traditionnellement on utilisait des outils en bambou. Aujourd’hui ils sont en acier (tungstène). Ces outils sont utilisés comme le serait un pinceau et pour donner du volume à la gravure. Toute la difficulté réside cependant dans l’apprentissage de la bonne tenue et du bon geste.
Il y a 2 angles à respecter pour la tenue de l’outil : 75° entre la plaquette d’argile (ou la pièce à graver) et l’outil sur l’axe vertical, et 15° sur l’axe horizontal. De cette manière c’est toujours une des deux pointes du couteau qui incise la surface.

L’incision se fait en un seul geste, contre soi. Le poignet doit être souple mais les doigts doivent tenir fermement le couteau. Ce ne sont pas les doigts et la main qui « dessinent » mais tout le bras qui bouge pour faire le bon geste. Ce qui rend la tâche bien difficile pour nous « occidentaux » qui sommes habitué à dessiner en regardant un modèle et à se concentrer sur le résultat final plutôt que sur la maîtrise d’un geste et la fluidité de ce dernier.

Le motif
Nous nous sommes entraîné à reproduire un motif traditionnel de Longquan : une fleur de lotus. En le dessinant d’abord, en essayant de tenir le crayon de la même manière que le couteau. Puis en incisant sur les traits avec le couteau, en maintenant les bons angles. Quelle galère !
L’Histoire
Cette technique était utilisée pour la production à grande échelle, car une fois que l’on maîtrise le geste, il est possible de travailler très rapidement.
On comptait 1 bol par minute par artisan, 300 bols par jour !
A l’époque Song, la majorité des pièces de Longquan étaient produites avec cette technique et la majeure partie de la production était destinée à l’exportation. Cette dernière était extrêmement importante pour l’économie de la Chine et comptait en grande partie dans le PIB du pays.
Bilan de fin de semaine
En Chine, l’apprentissage est centré sur la répétition du bon geste jusqu’à ce que celui-ci soit acquis. On a regardé Mr. Zhuó Xin Wei réaliser sa gravure à la perfection avec une fluidité et une rapidité qui nous a tous laissé admiratifs, et qui nous a peut-être aussi un peu découragés. Ce n’est sûrement pas en une semaine qu’on allait réussir ce qu’il avait mis 18 ans à maîtriser. Même si certain d’entre nous étaient sur la voie à la fin de la semaine, avec les compliments du maître. L’expérience a été enrichissante et nous a obligé à changer de posture en tant qu’apprenant. Elle nous a ouvert sur d’autre manière de transmission des savoirs.
AVANCÉE DES PROJETS
Aie, plus que 2 semaines pour travailler sur nos projets avant de partir pour une excursion de 10 jours. Entre les cours théoriques et le workshop de gravure, le temps semble filer à toute allure. Voici en photo l’avancée des projets de chacun.

Yoan a changé de projet pour raconter des histoires à travers les objets du quotidien d’ici, entre moulage, modelage et photographie.
Céline tournase à sec toutes ses pièces en porcelaine et les prépare pour graver le dessous avec ses dessins de scène de vie.


Sacha a sorti sa première production de poisson-humains du four.
Flo est hyper productive avec déjà 4 vases bien fournis à son actif !


Mathilde modèle des toilettes d’ici et de la Suisse, il y a même le PQ !
Zoé H. façonne des lanternes qu’elle grave avec des dessins inspirés de la déformation des ombres.


Tournage de vases en chaine pour Alex, il commence à maîtriser les grosses masses le petit loulou !
Valou s’attaque au garnissage, voici déjà un poteau de caméra qui prend forme sur son vase.


Jessica avance sur la gravure de ses bols.
Lana prépare les feuilles qui orneront ses vases sur des très fines plaques de terre.


Elvira tourne des caquelons, mais c’est déjà les premières déconvenue : la terre se fend en séchant 🙁
April tourne son encensoir.


Em a abandonné l’idée des boîtes pour garnir une grande plaque des empreintes de nourriture qu’elle obtient à partir de ses moules.
Kiki est en mode production à la chaine : elle a fait un moule pour pouvoir produire des yeux identiques plus rapidement.


Pareil pour Zoé M. qui a réalisé deux moules de cuillères. La terre de coulage d’ici étant capricieuse, elle a choisi l’estampage.
Noémie s’essaye à la gravure à sec sur son premier bol.


Sophie continue les essais de gravure des phrases loufoques sur ses différentes pièces.
Le prototype de Rem est sorti du four, et il est déjà bien avancé sur sa pièce finale.


Amandine a resserré son sujet et s’applique à graver les logos des applications qu’on utilise au quotidien sur des tuiles.
MIAM MIAM MIAM !
Depuis notre arrivée, on se délecte de plats délicieux. Entre surprise louche et valeur sûre, voici quelques images de ce que l’on peut manger dans ce coin-là de la Chine.







WELLNESS & SELFCARE

Comme ça bosse dur dur à l’atelier, on prend le temps de se faire du bien: entre soins du visage, massage et manicure, on ne se prive de rien !
On a trouvé notre* salon où ils font même la pédicure après le bain de pied. La première fois qu’ils sortent les lames de rasoir pour te râper la corne, tu flippes un peu mais quand tu vois le parmesan rapé que ça donne, tu te dis que ça valait la peine.
*oui parce que par ici, une fois que l’un d’entre nous a trouvé une bonne adresse on la refourgue à tout le groupe et on finit tous par aller au même endroit.

DIDI
L’équivalent du Uber chez nous, c’est notre moyen de voyager le plus efficacement possible à moindre frais tout en y restant (au frais) – par 38°C (ressenti 43°C) en moyenne, on évite de courir la journée sous le soleil. Le trajet nous coûte 10 RMB (environ 1 chf) pour nous rendre n’importe où dans la ville – c’est aussi l’avantage d’être dans une « toute petite » ville chinoise ou nos temps de parcours sont rarement plus longs que 10 minutes. On commence même à reconnaître certains chauffeurs.

CÉRAMIQUES

Être dans la ville du céladon pour des céramistes en herbes, c’est comme être dans un magasin de bonbon. Des boutiques qui vendent des céramiques, il y en a à la pelle ! L’œil s’aiguise et on commence à faire la différence entre les objets sortis d’usine et les pièces tournées à la main.


