Basé à Paris, Guillaume Bardet est un designer français dépositaire de nombreux prix et récompenses dans le monde du design et de l’art contemporain. Il est récemment apparu dans l’actualité puisque c’est son projet de mobilier liturgique qui a été choisi pour restaurer Notre-Dame de Paris. Mais pour nous céramistes et potiers il est surtout l’auteur du projet l’Usage des jours, 365 Objets en céramique, et c’est ce travail qui a inspiré ma pièce.

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs en 1999. Il travaille d’abord avec Jean Marie Massaud, star du design français connu pour son style épuré, sa simplicité et son attention au détail. Par la suite indépendant il collabore avec de nombreuses marques prestigieuses et travaille aussi bien avec des sociétés que des particuliers. Ses créations et installations sont à la fois épurées mais puissantes. Chaque projet est une excuse pour l’étude des formes et des matières dans leur essences.

L’usage des jours, 365 objets en céramique

En Septembre 2009 plusieurs évènements personnels le poussent à s’installer sur le long terme à Dieulefit, en Drôme, terre de céramistes. En questionnement sur le sens de son existence en tant que créateur et designer il fait le projet de dessiner un objet par jour pendant 365 jours : « Dans un orgasme de dessin, jusqu’au dégoût, pour savoir pourquoi on fait des choses. », il a envie d’explorer « le temps, la pierre, l’époque, la forme, le lent, l’atemporel ».

Les pièces seront réalisées en 2010 par des céramistes de la région et ensuite exposées à la manufacture de Sèvres en 2012.

Ces pièces sont à la fois le reflet des saisons qui passent, du lieu, mais aussi de son paysage mental, lui-même dira qu’il est passé par des moments de doutes et de recherche douloureux. Au cours de l’été, épuisé et presque à la fin de son épreuve, il cherche de nouvelles idées de formes et découvre un logiciel japonais qui génère automatiquement des origamis. Il expérimente, et des pièces fragiles et inattendues en porcelaine moulées naissent, en collaboration avec le céramiste Quentin Marais.

J’ai choisi Guillaume Bardet un peu au hasard, l’utilitaire m’intimide mais il est une référence souvent donnée aux élèves en céramique, et son travail est très varié, ce qui me garantissait un minimum d’inspiration. J’avais déjà feuilleté son livre, un peu indifférente, mais sans vraiment me documenter sur son projet ou sa démarche et je dois dire que cette relecture a été un coup de foudre. En tournant les pages je pouvais voir dans les formes, les matières et les objets, son cheminement, la lumière de la Drôme, son état d’esprit.

Le pli et l’origami arrivent au milieu de l’été, dans le dernier tronçon de son marathon, un peu par hasard. J’aime la manière dont cette série se différencie complétement du reste de son travail disons plus massif ou dense. Il joue et crée des formes qui, comme il le dit lui-même : « n’existeraient pas sans lui » et c’est ce que je souhaiterais reproduire. Mouler un objet utilitaire prend alors un autre sens, une autre dimension. Je voudrais laisser la nécessité de la fonction qui me paralyse derrière et me concentrer sur le jeu et le papier.

 

Vase, Pliage 34

Sa série inspirée du pliage est délicate et vivante à mon goût. Grâce à la technique du moulage on peut apercevoir les crissements du papier sur les objets, les torsions et les changements de textures du matériau de base, pour moi c’est ce qui rend un objet statique, vivant, et c’est ce que je veux insuffler à ma pièce.

Le pliage 34, en forme de jarre, est la forme qui m’a le plus inspirée. Sa rondeur et sa forme géométrique nous permettent de la coucher ou de la retourner, elle me fait penser à une panse, une outre primitive, un estomac, le papier lui donne un aspect de cuir vieilli, on oublie la céramique et l’objet devient autre chose, notre imagination s’active, oubliant le contenant et le sujet.