
Grâce à l’opportunité de ce stage, j’ai décidé de quitter la Suisse pour explorer de nouveaux horizons.
J’ai découvert le travail de Miguel Enríque Lastra, établi à Providence, dans le Rhode Island. C’est un jeune céramiste dont l’œuvre se concentre sur la sculpture du corps humain, tout en intégrant des éléments sonores et des pièces réalisées à l’aide d’imprimantes 3D en céramique.
Mes objectifs : comprendre le quotidien d’un artiste, observer et participer aux différentes tâches de gestion d’un atelier, et renforcer ma crédibilité dans les messages que je souhaite transmettre à travers mes œuvres, à l’instar de Miguel.
Miguel Enrique Lastra
Miguel Enrique Lastra, sculpteur et céramiste d’origine portoricaine, commence son parcours artistique à Albuquerque, Nouveau-Mexique.
Après des études à l’Université du Nouveau-Mexique, il effectue un stage en 2017 à Prague à l’Academy of Art Architecture and Design.
Il obtient son BFA en 2018, puis un MFA en céramique à la Rhode Island School of Design (RISD) en 2022. En 2024, il participe à la Skowhegan School of Painting and Sculpture, où il collabore avec des artistes interdisciplinaires. Depuis septembre, il enseigne la céramique à MassArt, à Boston, tout en poursuivant ses projets artistiques.


Démarche Artistique
Miguel Enrique Lastra, artiste queer, définit le terme « queer » comme désignant les personnes des minorités sexuelles et de genre, soulignant leur lutte pour des droits comme le mariage et contre le contrôle religieux.
Dans son travail, il explore le potentiel illimité du corps humain, tout en critiquant l’hétéronormativité qui limite les identités.
Il utilise des matériaux comme l’argile, des tissus, des émaux rejetés et d’autres éléments pour redéfinir et libérer le corps humain, loin des idéaux de beauté traditionnels.
Projets Artistiques
Hernando

Hernando, Miguel Enrique Lastra, 2020
Argile recyclée, lampe de culture UV, sac et perche à eau réservoir en verre.

Leticia, Miguel Enrique Lastra, argile recyclée cuisson au bois, textiles recyclés, 2022
Leticia
Dans cette œuvre, Miguel utilise de l’argile indésirable pour briser les codes des figures idéalisées et aborder la confusion liée au sexe assigné à la naissance.
Il cuit la pièce dans un four à bois pendant plus de 72 heures, tout en cousant deux grands draps à partir de matériaux de récupération, symbolisant soin et protection.
L’émaillage, réalisé avec des émaux destinés à être jetés, renforce son message sur les personnes marginalisées. L’absence de visage sur l’œuvre permet à chacun de s’y identifier.
Weather data prints
Miguel a également réalisé des travaux en utilisant des imprimantes céramiques3D, partant de données de température pour représenter l’histoire du temps sousforme de paysage.
Pour ce faire, il collecte des données qu’il importe dans Rhino, un logiciel demodélisation 3D. Il ajuste ensuite ces données pour que la forme soit réalisable.
Une fois la forme finalisée, il utilise un autre logiciel pour préparer l’impression.
weather data prints, Miguel Enrique Lastra, argile, impriment 3d, lustre, 2010



Analyse
À travers l’ensemble de ses travaux et de sa démarche artistique, j’ai réalisé queMiguel s’investit pleinement dans ses recherches, allant de A à Z.
Ce qui l’importe avant tout, ce n’est pas nécessairement le début ou le résultat final, mais plutôt le processus de recherche et d’exploration qui se déroule entre les deux.
Il souhaite également laisser ses créations évoluer de manière autonome, permettant ainsi à chaque œuvre de vivre par elle-même.
Cette approche témoigne de son désir de s’engager dans un dialogue avec ses œuvres, d’encourager la réflexion et d’explorer les multiples dimensions de la temporalitéet de l’identité.
Atelier
L’atelier de mon maître de stage se trouvait au cinquième étage d’une ancienne usine dans la ville industrielle de Fall River, Massachusetts, à environ 30 minutes de Providence.
Le studio coûtait 500 $ par mois, un prix raisonnable mais difficile à trouver avec toutes les installations requises.
Le bâtiment abritait d’autres studios artistiques, notamment orientés vers le travail du bois, en particulier pour la construction de meubles.
La majorité des artistes présents avaient étudié à la Rhode Island School of Design, et ceux spécialisés dans le travail du bois venaient du département de création de meubles de cette école.





L’atelier bénéficiait d’un accès à une électricité puissante, indispensable pour faire fonctionner un four électrique (1 mètre de hauteur et 1,5 mètre de largeur).
Mon maître de stage avait également conçu un système de ventilation pour évacuer les gaz du four, et un ascenseur permettait de déplacer les pièces de grande taille.
Il attachait une importance particulière à la disponibilité du Wi-Fi, à un espace plat ou avec des rampes, et surtout à une ambiance agréable dans l’atelier.
Cependant, l’atelier n’était pas chauffé, et les plombs sautaient parfois lorsqu’on utilisait des chauffages d’appoint.
Côté équipement, il avait installé quelques tables, des plaques de plâtre pour recycler l’argile, ainsi que des bacs remplis d’émaux. Il disposait également de divers outils, et bien sûr de l’argile.
Diffusion
Réseaux
Grâce aux écoles qu’il a fréquentées, Miguel a pu participer à diverses expositions, notamment à Albuquerque, à Providence, à Prague lors de son stage, et à New York. Ces opportunités lui ont permis de diffuser son travail au sein de différents réseaux artistiques.
En outre, sa participation à plusieurs concours et les contacts qu’il a noués ont également facilité la présentation de ses œuvres dans des galeries.


Web
Il dispose par ailleurs d’un site web bien conçu où toutes ses pièces sont mises en valeur, ainsi qu’un compte Instagram qui lui permet de partager ses créations avec un large public.
Grâce à ces expositions et à la visibilité qu’elles lui ont apportée, Miguel a pu recevoir des revenus et des distinctions pour son travail.
Conclusion
Ce stage a profondément modifié ma vision de l’art et de la manière de transmettre un message. J’ai appris à aborder mes créations de façon plus ouverte, en choisissant une thématique qui me suivra longtemps et qui suscitera des réflexions continues dans mes travaux futurs. L’expérience m’a montré qu’il ne suffit pas seulement d’exposer un message, mais qu’il faut aussi penser à la façon dont il sera perçu par le public, pour qu’il puisse s’identifier à l’œuvre. Le processus créatif, avec toute son attention aux détails, aux mots et à la forme, est tout aussi essentiel que le résultat final. Grâce à l’accompagnement de Miguel, un mentor exceptionnel qui a su s’adapter à mes besoins, j’ai compris l’importance de passer du figuratif à des formes plus abstraites, et d’équilibrer mes intentions avec la compréhension de ceux qui regarderont mon travail.
